Voyager pour changer d'opinion

Sanosuke était globalement satisfait de cette entrevue avec Shina, pour l'instant elle jouait bien le jeu. il se demanda l'espace d'un instant si tout ceci n'était pas un piège et si elle n'allait pas le conduire droit dans la gueule du loup... ou peu importe qu'elle bestiole pouvait bien être Hikaru.
Au vu de l'heure avancée, la nuit tombant en ce moment même, il leur fallait se rendre au village le plus proche pour passer la nuit. Le village en question se nommait Hijlan. Petite communauté d'une vingtaine de maisons, ce village d'agriculteurs et d'éleveurs fournissait Shichou et d'autres communes avoisinantes en nourriture. Mais ce village produisait également une bière célèbre dans tout Atreyu, et même au delà. La vie était tranquille et prospère pour les habitants d'Hijlan.
Alors que le groupe arrivait devant l'entrée du village, ils aperçurent un homme allongé au bord de la route. Il était visiblement blessé et ses cheveux d'un blond foncé étaient parsemés de mèches rouge sang. On l'avait également délesté de tout ce qu'il pouvait posséder, à l'exception d'une flûte. Shina, Shikijou et Sanosuke se précipitèrent vers cet homme et, une fois avoir remarqué qu'il était en vie, Shikijou alla chercher du secours dans l'auberge du village, Shina et Sanosuke restant au chevet de cet homme. Sanosuke sortir une gourde et fit boire un peu d'eau à cet homme qui était vraiment mal en point. Il se demandait qui l'avait mit dans cet état et surtout pourquoi. Mais il ne le saurait que si cet homme se réveillait un jour...

« Utako, si tu souhaite devenir un très bon musicien et vivre de ta passion, comme moi, il ne faudra jamais perdre de vue ton instrument. C’est ton outil, et sans, tu es comme un bucheron sans hache. C’est pour cela que ou tu ailles, il faut toujours regarder derrière toi »

Regarder derrière soi. Utako avait toujours suivit les conseils de son maître. Il ne s’est fallut que d’un oubli….

Alors qu’il se dirigeait vers un paisible village afin de s’approvisionner, Utako avait commis la maladresse de traverser les plaines d’Eléne sans se méfier. Sur le chemin du village, il avait soudain entendu quelqu’un sauter de l’arbre dans son dos. Un terrible choc s’en était suivit, Utako frappé durement au crane. Il tenta de se relever, mais fut vite maitrisé par la vingtaine d’homme sortant des buissons environnant. Les hommes, des brigands, s’acharnèrent sur le musicien avant de le fouiller. Et enfin, l’un des malfrats l’assomma d’un coup de gourdin, en tapant à nouveau sur la tête d’Utako. Ce coup le fit sombrer dans l’inconscience.

Quand il avait repris connaissance, Utako se leva avec grande difficulté et rejoignit le village en titubant. Il s’effondra finalement devant l’entrée du village.
Utako broyait le noir. Les yeux clos, et les sens engourdis, il tenta de se raccrocher aux soudaines voix qui soufflèrent à ses oreilles. Apparemment, trois personnes l’avait aperçut. Il entendit faiblement quelqu’un courir vers le village.

Quelqu'un lui fit boire de l’eau. Dans un effort gargantuesque, Utako réussit à ouvrir les yeux. Sa vue était brouillée. Et il était encore trop faible pour parler. Il sentait le sang sur sa tête, et le haut du crane lui cuisait méchamment, ainsi que ses côtes.

Dans le tourbillon de couleur qui passait devant ses yeux, il entraperçut deux silhouettes, l’une penché sur lui, tenant quelque chose dans les mains, ce qui était certainement la gourde. L’autre était debout, et regardait également Utako.

Utako bredouilla faiblement " Merci "

_ « Ne faites pas d’efforts. Reposez-vous. »

Une assez vieille femme trouva le groupe et lui annonça que Shikijou et son mari étaient allés chercher le médecin du village. Pour que le blessé parvienne à se reposer, on le porta ,avec la plus grande précaution, jusqu‘à une chambre libre et calme de la petite auberge où on le posa sur un lit.
Le médecin ne tarda pas, flanqué de Shikujou et de l’aubergiste. Il examina rapidement le jeune homme; heureusement, la plaie n’avait pas entrainé de complications. Malgré quelques blessures certainement due à un rude combat, il allait bien. Un peu de repos et il serait sur pieds.

C’était une bonne nouvelle pour Shikijou, Sanosuke et Shina qui se demandaient qui avait agressé un simple voyageur, et surtout pourquoi. Bien sûr, ils ressentaient tout trois de la colère et de l’indignation face à tant de violence. Ils avaient aussi une certaine idée de qui pouvaient être les agresseurs, mais ils n’étaient sûrs de rien. Il fallait qu’ils attendent le réveil du jeune homme pour en savoir plus…
Cependant, il était vraiment fatigué. Deplus, il n‘avait pas encore recouvré la force de parler. C’est pour cela qu’ils décidèrent de le laisser tranquille pour la nuit.

Shina alla retrouver l’aubergiste pour louer trois chambres. Elle allait payer la chambre du blessé, bien sûr, mais aussi celle de Shikijou et de Sanosuke, et la sienne, bien entendu.
Elle alla annoncer leur chambre à ses compagnons de voyages, puis Sanosuke lui rappela qu’elle avait un message à faire passer. Elle n’avait pu le faire sur la route, tout simplement parce que les bêtes ne s’en approchaient pas. Elle s’éloigna donc un peu du village, appela un des ’siens’ avec bien peu d’espoirs...
Quelle ne fut pas sa surprise quand un léopard à robe dorée apparut devant elle!

Il était apparemment affamé. Il avait du venir vers le village dans la perspective de se repaitre de quelques bêtes d’élevages. Shina discuta un peu avec lui.
D’après ces dires, il n’était pas encore passé à l’attaque, il attendait que tout le village soit endormi. Il y a quelques mois, il avait été blessé à la pate et venait à peine de s’en remettre. Il n’avait pu chassé durant des jours et s’était nourri de carcasses pour subsister.

Quand Shina lui demanda de jouer les envoyés, il refusa catégoriquement. Il ne voulait pas se déplacer, pas tant qu’il aurait le ventre vide. Alors, la Setras lui proposa la viande qu’elle avait achetée un peu plus tôt, mais il n’en voulait pas; ce n’était pas de fines tranches séchées qui diminueraient sa faim.
Shina suggéra donc de chasser une bête sauvage pour lui. En échange, il ira faire sa course. Cette fois-ci, il fut d’accord , Shina se transforma et ils s’éloignèrent tout deux un peu plus des terres habitables.

Quand Shina rentra à l’auberge, il était déjà bien tard. Bien sûr, elle avait repris sa forme humaine, mais bien qu’elle se soit toilettée, elle avait toujours quelques tâches de sang sur les joues; le léopard ayant eu la gentillesse de partager son repas avec elle. Elle entra donc dans sa chambre, se nettoya encore un peu, se coucha et s’endormit rapidement.

« Ne le remerciez pas. C’est tout à fait normal de ramasser quelqu’un quand il est blessé et exténué. » interrompit Shina.

Elle était accoudée à la fenêtre, qui avait due être ouverte assez tôt par un aubergiste inquiet. Ce jour-là, il faisait un temps très agréable. Shina en avait d’ailleurs profité pour faire une peu d’exercices dehors, c‘est pour cela qu‘elle se trouvait quelque peu dégoulinante.
Après avoir fouillé dans une sacoche accrochée à sa ceinture, la jeune fille sauta par la fenêtre pour arriver dans la chambre.
Là, elle posa un petit écrin rond sur le table de chevet et s’adressa à Utako en souriant:

« Je vous le donne. Vous en avez besoin.
Là dedans sont associés un très bon cicatrisant et une plante calmant la douleur…Du miel et de la consoude, je crois. En tout cas, c‘est une pommade très efficace!
Et puis, vous n’auriez pas à la goûter. (elle se mit à ricaner et dit tout bas: ) J’imagine que les petites décoctions du docteur ne sont pas vraiment ragoutantes. (enfin, tout haut: ) Bref, vive les médicaments!»

Cet écrin rempli de pommade avait été préparé par Kyo, une véritable spécialiste en plantes médicinales. Elle en avait offert un à chacun des Setras. Ainsi, pouvaient-ils soigner leurs blessures en son absence.

Shina prit place sur une seconde chaise à côté de celle de Sanosuke. Elle adopta une pose décontractée; ses exercices l’avaient mise de très bonne humeur, elle se sentait de nouveau pleine de vie.

« Donc, dites-moi, à propos de ces bandits…Vous avez l’intention de les poursuivre ? Car Sanosuke, Shikijou et moi, nous en avons très envie. Seulement, sans votre aide, nous ne pourrons pas les retrouver. Je suppose que ça ne va pas fort pour vous, cependant voulez-vous nous accompagner aujourd’hui ? Je connais ce genre de gars; nous devons agir avant la nuit, puisque l’obscurité est leur élément.
Autre chose: ces gens là attaquent très peu sans raison. N’aviez-vous pas quelque chose susceptible d’attirer leur attention ? » demanda-t-elle à Utako avec tout son sérieux.

Alors qu'il remerciait l'homme, un femme se présenta à la fenêtre, et Utako reconnut la voie d'un des ses sauveurs.Elle entra ensuite dans la chambre et déposa un écrin remplie de pommade médicale.

En effet, le breuvage du médecin n'était le meilleur médicament au monde.Utako remercia la jeune femme et écouta ensuite ses questions.

"Et bien...je suis un musicien qui se balade de ville en ville,je ne posséde pas grand chose.Je ne vois pas ce qui...."

Puis il y eu un déclic.Sa guitare! Elle était certainement unique au monde.

"En fait, si. Mon instrument est , je pense, unique au monde pour l'instant.C'est une guitare à cinq cordes que j'ai inventé.Je suppose qu'elle vaut très cher, ce n'est pas le genre d'instrument qu'on fabrique facilement"

Il poussa un profond soupir.Il lui avait fallût un an pour la perfectionner.

"Je dois poursuivre ces brigands et récupérer ma guitare.Je pense que je vais récupérer avant ce soir, avec cette pommade.Merci beaucoup de m'aider à les retrouver, la plupart des gens m'aurait abandonné à mon sort"

Utako ne savait plus quoi penser.Lui qui ne connaissait que très peu les villes et le contact humain, il était étonné que ces personnes veuillent l'aider alors qu'ils ne les connaissaient même pas.Il devrait peut être passer plus de temps en ville, dorénavant.

"Je m'appelle Utako Akikazu"

Sanosuke réfléchit un petit moment. Cela faisait de très nombreuses années qu'il voyageait à travers le monde et des bandits mélomanes était une chose suffisamment rare pour qu'on la retienne. De plus il connaissait l'Atreyu mieux que les autres régions : c'était la région où son père adoptif et sa famille avaient vécu avant de mourir dans un terrible incendie. Sanosuke arborait un sourire en coin, pas seulement parce qu'il allait pouvoir s'amuser un peu mais également parce que l'enthousiasme de Shina était une preuve supplémentaire que les Setras n'étaient pas si mauvais que ça après tout.

"Je crois que je sais où trouver ces voleurs... ils sont près d'une trentaine si je me souviens bien."

Il se tourna alors vers la Setras du léopard en souriant.

Dix chacun ça te va ?"

Ce fut à se moment que Shikijou entra dans la chambre une cruche d'eau à la main. Il était allé dans le village acheter de la nourriture et s'était dis en revenant qu'un peu d'eau aiderait le blessé à récupérer. Le lieutenant Zyphaloïde fut rapidement mit au courant de la situation et approuva la traque des bandits. Sanosuke et lui quittèrent alors la salle pour permettre à Utako de se reposer dans le calme.

Sanosuke n'était pas sur que le groupe auquel il pensait était celui qui avait volé Utako, mais il espérait que l'homme pourrait les reconnaître. En réalité il ne savait même pas si ce groupe existait encore, il n'en avait pas entendu parlé depuis deux ans mais un groupe comme ça ne pouvait pas disparaître comme ça. Tout ce qu'il espérait maintenant était que Utako récupère rapidement.

Alors que Sanosuke et Shikijou avaient quitté la chambre, Shina n’avait pas bougé d’un pouce.
Le fait que Sanosuke ouvre la bouche pour ne pas répondre à Utako l’avait surprise. Ce dernier avait pourtant formulé une très claire invitation aux présentations. La jeune fille aurait pu lui faire remarquer son manquement aux politesses…Cependant, elle avait préféré attendre qu’il soit parti pour réparer cette petite faute qu’elle seule remarquait…

« Excusez-le, il doit être un peu sourd, ou déjà dans un très proche combat.
Il s’appelle Sanosuke, son ami se nomme Shikijou. Quant-à-moi, c’est Shina. Ravie de faire votre connaissance, Utako. (Après une très brève courbette de réflexe, elle continua: )  Je vais vous laisser vous reposer sous peu. Avant, je dois vous dire quelque chose:
Si vous ne vous sentez pas en forme plus tard, ne venez pas avec nous. Les bandits ne plaisantent pas, et une vie est bien plus précieuse qu’une guitare, aussi rare qu’elle soit. N’est-ce pas ? »

La Setras se leva de sa chaise. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres, un sourire de dérision. Elle allait recommander ce qu’elle-même avait du mal à suivre.

« La pommade a beau être très efficace, elle n’est pas miraculeuse. Aucun médicament n‘est miraculeux. Vous savez, ce qu’il faut surtout, qu’on soit malade ,ou blessé, ou juste fatigué, c’est du repos, du repos et encore du repos.
Sur ce, j‘espère vous voir debout avant ce soir, Utako. »


Alors que les goutes d’eau éliminaient la sueur due à ses exercices matinaux, Shina pensa à ce qu’avait dit Sanosuke plus tôt. Etait-il vraiment sûr de son coup ? Etait-ce la même bande de brigands dont il parlait qui avait attaqué Utako ? Ca ne devait pas être la seule dans tout Atreyu…
Shina connaissait quelque peu cette région du continent, car Kayuya dont elle était la protectrice, se trouvait être une terre voisine. D’ailleurs, si elle croyait les propos de son ancien roi, seule la capitale, Shichou, était correctement protégée; et des monstres et des attaques de bandits. Pourtant…elle avait été détruite par les Zyphaloïdes.
Ceci mit à part, on disait aussi qu’Atreyu était une des terres les plus dangereuse, le taux de criminalité augmentant constamment. Il n’y avait pas encore de Setras à Atreyu, s’il y en aurait, ils auraient fait quelque chose pour que ça s’arrange. D’accord, deux, ce n’est pas beaucoup pour un si grand territoire, mais au moins ils auraient fait pression sur le roi pour protéger correctement les provinces…
Bref. L’esprit de Shina s’égarait un peu.

En tout cas, elle n’avait pas bien envie de demander à Sanosuke de réfléchir sur ce qu’il avait dit. Peut-être interprétera-t-il mal ses questions pour y distinguer de la peur ou autre chose, elle ne voulait surtout pas voir disparaître ce sourire que le jeune homme avait lorsque son point de vue sur les Setras changeait…Mais, tout de même, dix, ce n’est pas un peu trop pour un seul ?
Dangereux, sûrement.
Jouable, peut-être.

Les deux hommes sortirent de la pièce sans se présenter, ce fut donc la femme qui fit les présentations.Elle s'appelait Shina, et les deux comparses se nommaient Sanosuke et Shikijou.

"Ce n'est pas grave" fit'il sincèrement en réponses aux excuses

Il inclina la tête suite à sa courbette, pour saluer à son tour.

La jeune femme le laissa après lui avoir recommandé de se reposer.Elle lui indiqua également que s'il ne se sentait pas bien, il n'était pas obligé de venir.Utako , lui, voulait les aider.Il ne pourrait pas supporter de les laisser risquer leurs vies pour lui sans bouger un doigt.

Utako se retrouva donc seul.Il avait l'habitude.Il vit soudainement son sac sur la table.Il le prit et le fouilla avec espoir.Il ne trouva que sa flute en bois.Il soupira de désespoir.Il pouvait guérir certaines plaies avec sa magie, mais il lui fallait sa guitare.

Il prit sa flute et se mit à jouer un chant doux et sylvestre.Ce chant, qui n'avait pas de nom, permettait à Utako d'endormir temporairement la douleur.Il pourrait dormir, ainsi.
L'effet voulût vint rapidement.Ses blessures, bien que présentes, ne le faisait plus souffrir.Alors qu'il allait jouer un autre chant pour s'endormir plus rapidement, il ferma les yeux et s'endormit. Après une ultime note, la flûte roula par terre.Utako dormait.

Sanosuke avait décidé d'aller faire un tour dans les environs pour tuer le temps. Il espérait ne pas se tromper concernant le groupe de brigands qu'ils allaient pourchasser. Ils étaient plutôt nombreux en Atreyu, faisant payer les villages prêts de leur planque en échange de leur protection. Malgré cela ils continuaient de temps en temps à attaquer des convois de marchand afin d'éviter que les hommes se ramollissent. Parmi ces groupes certains étaient loin d'être aussi abjects que l'on aurait pu le penser, bannis pour des fautes commises par leurs pères ou leurs grands-pères, ils étaient réduit au banditisme pour faire vivre leur famille. En revanche, ceux qui s'attaquaient à des voyageurs isolés le faisait uniquement pour s'amuser, en effet un homme seul ne pouvait leur rapporter un butin suffisant pour justifier une telle attaque. Parmi eux très peu auraient pu se rendre compte de la valeur de l'instrument que transportait cet Utako. On pouvait très facilement réduire le nombre de groupes restant au vu de leur emplacement géographique, ce qui n'en laissait qu'un. Cette connaissance relativement étendue des groupes de brigands et de leurs meurs venait de la longue carrière de mercenaire de Sanosuke, connu dans le milieu sous le pseudonyme de Zanza. Il se demandait d'ailleurs quelle tête allaient faire les brigands quand ils le verraient arriver, son Zanbatô sur l'épaule. Il pensait pouvoir se servir de cette réputation acquise en tant que mercenaire pour négocier avec les malandrins. Il se doutait qu'ils refuseraient de céder l'instrument, mais il pensait leur faire accepter certaines conditions pour l'affrontement qui s'en suivrait. Ce fut donc avec son plan en tête que le mercenaire revint devant l'auberge d'Hijlan, espérant que leur nouveau compagnon de route se remettrait rapidement de ses blessures.

Quand le soleil fut couchant, Shina rejoignit Sanosuke devant l’auberge. Celui-ci était accompagné de Shikijou. Mais il n’y avait nulle trace du pauvre Utako, ce qui déçut légèrement Shina. Demander à un humain d’être en forme le lendemain d’un tel traumatisme avait du être de trop.

« Il ne viendra donc pas avec nous… »soupira alors la jeune fille en s’approchant de ses deux compagnons de route. Puis, elle contempla le ciel avant de se retourner vivement et de joindre ses deux mains en souriant.« …Mais tout espoir n’est pas perdu, on peut encore l’attendre un peu. Quoique…»
Elle réfléchit. Un de ses poings vint soudainement frapper la paume de son autre main, et la jeune fille se mit à filer vers la chambre du blessé en s’exclamant :
« Mais bien sûr ! Je sais quoi faire, je reviens ! »

Rien ne servait de l’attendre, il fallait s’informer de son état.
Lorsque Shina pénétra dans la chambre, elle trouva le patient endormi. Elle entreprit alors de le réveiller, cependant, quand elle s’avança vers le lit, elle faillit écraser une flûte qui se trouvait par terre. Intriguée, elle la ramassa. Le jeune homme l’avait-il laissée tomber ? Il aurait été dommage d’abîmer un si bel objet.
Soudain, en détaillant un peu plus ce dernier, elle se souvint de la douce musique qu’elle avait entendue quelques heures plutôt. Curieuse de savoir si elle serait capable de produire les mêmes notes, elle approcha ses lèvres et souffla puérilement dans l’instrument. Celui-ci produit le plus horrible son qu’il aurait été donné d’entendre, un son à réveiller un sourd.

[HRP : Désolé pour l'attente, j'ai eu plusieurs ennuis avec mon pc]


Utako dormait profondément quand un son horriblement aigue le sortit de son sommeil. Il ouvrit brutalement les yeux sur le plafond blanc de la salle.
Il tourna vivement la tête et aperçut Shina, sa flute à la main. C’était donc elle la source de ce bruit. Utako entrevit le soleil couchant depuis sa fenêtre. Shina était donc venu voir s’il pouvait les accompagner.

«Je suis désolé de ne pas m’être réveillé par moi-même à temps. Je vais bien mieux, je pense pouvoir vous accompagner »

Utako sentit qu’il avait assez de force pour se lever. C’est ce qu’il fit, avec beaucoup de mal. Ses côtes le faisaient encore souffrir. Au moins, elles n’étaient pas cassées. Il enfila son manteau de voyage et se tourna vers Shina.

« Je suis prêt » dit’il avant d’ajouter « Puis je récupérer ma flute, s’il vous plaît ? Je pense que je vais en avoir besoin pour endormir mes douleurs »

Il eut un silence, avant de comprendre que ce qu’il venait de dire n’avait aucun sens. Il allait devoir révéler ce qu’il n’avait jamais dit à quiconque.

« Vous allez peut être me prendre pour un fou…mais je peux jouer des airs qui me permettent d’interagir sur n’importe qui et n’importe comment. Endormir quelqu’un, me soigner…Cela pourrait vous aider dans le combat à venir» fit’ il gêné

Bien évidement, Utako ne savait pas que ce genre de magie était monnaie courante.Vivant en solitaire, il n'avait jamais côtoyé d'autres personnes qui possédait de pareils dons.

Shina fut enchantée d’apprendre que Utako pouvait se rendre utile dans la bataille. Et bien qu’il souffrait encore de ses blessures, elle était d’autant plus contente de le compter parmi eux.
D’ailleurs, le don du jeune homme se révélerait très pratique à condition qu’il soit bien protégé des attaques pour pouvoir jouer. Shina le défendra donc comme elle le faisait avec Reiji. Elle sourit.

« Dites-moi, Utako, voudriez-vous bien m’aider à donner une raclée à ma dizaine de bandits ? J’avais un compagnon pour ça, mais il n’est pas là… » demanda-t-elle, timide, en lui rendant sa flute. Elle poursuivit en souriant: 
« Bien sûr, en contrepartie, je vous protégerai des attaques au corps-à-corps et vous pourrez jouer tranquille. Cependant, s‘il y a le moindre problème et que vous ne voulez pas partir, je vous obligerai moi-même à prendre la fuite.
Bien, allons rejoindre Sanosuke et Shikijou à présent, et mettons nous très vite en route. »

Alors qu’ils marchèrent dans le couloir, la jeune fille le toisa discrètement. Tout à l’heure, alors qu’il parlait de son don, Utako avait l’air nerveux. Comme s’il aurait aimé le cacher. En quoi les dons était un sujet tabou ? Shina ne comprenait pas. A moins qu’il soit un Setras ou un Zyphaloïde, ce qui était impossible, il n’avait pas à se montrer gêné en parlant de son pouvoir. La jeune fille émit un petit rire, cette situation l’amusait. Alors, elle clama haut et fort avant d’ouvrir la porte de l’auberge:

« Vous savez ,Utako , j’ai plusieurs dons. Notamment celui de provoquer le brouillard. J’ai aussi une force surhumaine et une rapidité de course encore jamais égalée… Alors ? Qui est le plus fou d’entre nous deux ? »

Elle pouffa une seconde fois de rire. Il allait être surpris lors de la bataille, sachant que Shina ne pourrait certainement pas l’emporter si elle n’avait pas sa force si précieuse.
Sans même attendre une réponse, la setras rejoignit ses deux autres compagnons de route en gambadant telle une petite fille.

Sanosuke et Shikijou attendaient patiemment devant l'auberge. Le général Zyphaloïde portait son Zanbatö, emballé, sur l'épaule, tandis que son acolyte avait son énorme boule de métal sous le bras. Quand Shina et utako les rejoignirent ils se mirent en route, silencieusement.
Sanosuke n'était pas vraiment sur de où il allait trouver le groupe de bandits, il espérait qu'ils n'avaient pas changé de planque en cinq ans. Alors que le soleil se couchait, ils finirent par arriver dans la partie de la forêt où ils pensaient trouver ceux qu'ils recherchaient, en espérant que ce soit bien eux qui avaient attaqué Utako. Alors qu'ils approchaient, en essayant d'être discrets, des trois grandes cabanes constituant le camp des bandits ils les virent tous devant leur camp en train de compter le butin de la journée. C'était une aubaine pour le petit groupe car les malfaiteurs étaient trop absorbés par la part qu'ils allaient recevoir pour monter la garde. Sanosuke fit signe à tout les autres de l'attendre là où ils étaient et alla tranquillement à la rencontre des bandits.

"- Hey !"

Les bandits se retournèrent, certains ce précipitèrent sur leurs armes, d'autres se relevèrent d'un bond et d'autres encore profitèrent du chaos général pour mettre quelques bijoux et pièces dans leurs poches.

"- C'est Zanza !
- Tu crois ?
- Ouais c'est lui je le reconnais !
- Ah parce que tu l'as déjà vu toi ?
- Ouais j'te raconterai si tu veux.
- C'est qui Zanza ?
- C'est un mercenaire super fort, il parait qu'il est indestructible.
- Qu'est-ce qu'il fait là ?
- Il veut p'tèt nous r'joindre.
- Tu rêves ou quoi c'est un solitaire il parait.
- Vos gueules les gars !"

Alors que la voix puissante et rauque du chef des brigands mettait un terme au brouhaha ambiant, celui-ci s'avança vers le nouveau venu. Il était grand et avait le crâne rasé à l'exception d'une longue queue de cheval noire. Il portait une armure légère caractéristique des soldats d'Atreyu et avait une épée et une hache à la ceinture.

"- Qu'est-ce qui t'amène ici Zanza ? T'as b'soin d'quequ'chose ?
- Un renseignement : je voudrais savoir si toi et ton groupe vous avez attaqué un musicien dernièrement.
- P'tèt ben... pourquoi ?
- Je cherche une guitare... spéciale.
- Si c'est celle qui a une corde de plus je veux bien te la vendre. J'te fait un prix, disons...
- Je ne suis pas ici pour l'acheter.
- Ah ? Tu la veux mais tu veux pas l'acheter, explique.
- Soit tu me la donnes, soit je viens la chercher."

Alors que de nombreux bandits éclataient de rire et que les autres dégainaient leurs armes, leur chef se demandait si son interlocuteur n'avait pas perdu la raison, mais il en doutait, il devait y avoir un piège.

"- Tu crois que tu ne peux nous battre tout seul ? Je sais que tu es très fort, mais on est 34, tu ne peux pas gagner.
- Qui a dit que j'étais seul ? Vous pouvez venir."

Alors que les brigands s'attendaient à voir surgir au moins une dizaine d'hommes, ils furent surpris de constater qu'ils n'étaient que trois. Certes l'un d'eux était un colosse mais les deux autres n'avaient rien d'impressionnant : il y avait une jeune femme et le musicien qu'ils avaient attaqué la veille.

"- C'est tout ce que t'as ? Et tu crois pouvoir nous battre ? À plus de 10 contre 1 ?"

Sanosuke ne répondit pas tout de suite, il enleva le drap qui recouvrait son arme et le jeta un peu plus loin. tandis que les exclamations fusaient du côté des brigands, Sanosuke répondit enfin à son interlocuteur.

"- Avec ça je peux exploser des rochers. Tu tiens vraiment à risquer d'être broyé pour une guitare ?
- C'est pas pour la guitare ! Si on apprend qu'on s'est débiné devant quatre personne toutes les autres bandes vont nous tomber dessus !
- Shikijou."

Le géant roux avança, son arme massive sur l'épaule droite. Une autre série d'exclamations s'échappa du tas formé par les bandits.

"- Lui aussi il peut détruire des rochers avec son arme, vous voulez une démonstration ?
- Tu sais bien qu'on est obligé de se batte, où tu veux en venir ?
- Je vous propose un marché. Nous allons tous nous battre à mains nues. Mais un de mes amis n'est pas en état de se battre, il va donc y avoir simultanément trois matchs à un contre onze, un autre se fera à un contre douze. On laisse tous nos armes bien derrière et si l'un d'entre vous s'amuse à aller chercher une arme nous aurons le droit de sortir les nôtres, mais là vous serez tous certains de mourir. Alors, qu'est-ce que tu en dis ?"

Bon nombre de hors-la-loi, bien trop heureux de ne pas risquer de se faire broyer par une de ces armes imposantes s'empressèrent de jeter leurs armes un peu plus loin avant même d'avoir reçut les consignes de leur chef. Celui-ci, se doutant que cela n'allait pas être aussi facile qu'il n'y paraissait, accepta tout de même. Relativement rapidement trois groupes de bandits émergèrent. Le premier d'entre eux, qui allait affronter Zanza, était un groupe de onze mais comprenait le chef des brigands. C'était Shina qui avait récolté le groupe de douze, les bandits avaient moins peur de cette jeune femme que des deux autres combattants. Le combat allait pouvoir commencer.

Tout d’abord, Shina n’eut aucun mal à défaire une première fois les bandits. Pour cela, elle avait frappé de toutes ses forces le premier qui avait eu la mauvaise idée de foncer vers elle ,puis, profitant de la surprise des autres et usant de sa vitesse bien peu commune, elle les avait tous mis à terre.
Impressionnés par la force de la jeune fille, une bonne partie la traitèrent de monstre avant de partir une seconde fois à l’assaut. Shina ignora leurs insultes, et, se servant des uns comme armes de jets, elle les envoya sur les autres qui ne tardèrent pas à mordre la poussière.
Certains se relevèrent tout tremblants et tout hésitants.

Shina passa une main dans sa magnifique chevelure. Elle avait appréhendé ce combat, mais apparemment et malgré l’absence de Reiji, elle se débrouillait très bien. Bien sûr, la pitoyable organisation des bandits lors de leurs offensives y était pour quelque chose, il était donc facile de les défaire un par un et, ainsi, d’éviter le surmenage.
A présent, ils se dissertaient et montraient qu’ils avaient compris leur point faible. Shina s’assit et les attendit calmement. Elle se demandait bien ce qu’ils pouvaient préparer. Et comme certains avaient peur d’elle, elle désirait aussi les effrayer pour de bon. Elle réfléchit et trouva une technique peut-être vieille comme le monde mais terriblement efficace.

Un premier groupe arriva, un groupe de quatre. Shina savait maintenant à quoi s’en tenir, ils devaient très certainement former trois groupes ainsi constitués pour la fatiguer et pouvoir lui donner le coup de grâce. Aussi, attaquer à plusieurs avait la qualité de donner du courage aux plus intimidés.
Cependant, elle n‘avait pas l‘intention de les laisser faire.
Elle se leva d’un bond et fila vers eux avant de les contourner de plus en plus rapidement. La petite équipe de bandits avait alors l’impression d’être cerné par une dizaine de jeunes filles à force surhumaine. Ils tremblèrent de plus belles, et quand Shina et ses clones esquissèrent un effrayant coup de poings, ils fuirent tous, sans exception.

C’est alors qu’apparut un des leurs, il semblait arrogant et sûr de lui, mais surtout, il paraissait furieux. Il gronda ses collègues en des termes bien vulgaires, puis, le visage déformé par la rage, il s’avança vers Shina. Le duel débuta alors. Confiante, Shina lança son poing loin devant elle, mais le bandit le bloqua dans sa paume et tira la jeune fille vers lui avant de lui asséner un bon coup de genou. Shina, immobilisée, en eut le souffle coupé, et comme ceci ne suffisait pas, il lui saisit le cou, l‘étranglant en la soulevant d‘une main. Shina suffoquait peu à peu et paniqua au bout d’un moment, le manque d’air lui faisait affreusement peur et elle se débattait furieusement. L’homme la jeta au sol sans ménagement. Shina y resta sans bouger tandis qu’une quinte de toux s’échappait de sa gorge. Prenant son courage à deux mains, elle fit mine de se relever mais son adversaire l‘en empêcha en posant un pied lourd sur son épaule, la faisant hurler de douleur.

« N’insiste pas, petite. Je ne veux pas d’un mort sur la conscience. Je suis peut-être un criminel mais je ne serai jamais un meurtr… »

Subitement, les yeux de l’homme s’exorbitèrent alors qu’il chuta lourdement au sol. Alors, le léopard blanc s’abattit immédiatement sur lui et plongea ses crocs vifs et menaçants dans la chair son bras. Il se débattit comme Shina l’avait fait quand il l’avait étranglée et celle-ci la lâcha. Extrêmement effrayé, il se précipita vers ses collègues sans même prendre le temps de se lever.

Shina avait donc gagné, mais avec l’impression que les mains du bandit la serrait toujours. Sa respiration était sifflotant. Elle reprit alors forme humaine, et toussotant et tremblant un peu, elle s’isola pour retrouver son calme.

De son côté, Shikijou n'avait aucun problème avec ses adversaires. Ceux-ci avaient l'impression de frapper un bloc de granit, en effet, ils avaient beau le frapper de toutes leurs forces cela semblait ne faire aucun effet au colosse qui les narguait en souriant. Il n'essayait même pas d'éviter leurs coups. Au bout d'un moment, il décida de riposter et sa force impressionnante envoya un par un les bandits au tapis. Peu étaient assez doué pour éviter ces coups, bien qu'ils ne soient pas des plus rapides, et ils finissaient toujours par en prendre un et se retrouver hors de combat.

Sanosuke était, lui, un espèce d'intermédiaire entre la rapidité de Shina et la résistance de Shikijou. Dès le début du combat, quatre brigands furent envoyés au sol. Les autres frappèrent le mercenaire mais le peu de coup qui le touchaient était amortis par ses mouvements. Les bandits parvinrent à l'encercler, s'offrant alors un avantage indéniable. Ils n'étaient plus que 8 en état de combattre, mais cela était largement suffisant pour submerger les deux bras de Sanosuke. Ils se jetèrent tous sur lui en même temps et Sanosuke ne put s'en sortir qu'en bondissant sur l'un d'entre eux, quittant alors le cercle de ses agresseurs. Il jeta ensuite le pauvre homme sur ses camarades afin de les disperser. Le mercenaire les attaqua ensuite rapidement, les uns après les autres. Finalement, il se retrouva face au chef et ses deux derniers hommes. Après avoir expédié le premier au sol d'un uppercut du gauche et avoir assené un coup de coude dans le ventre du second, il ne restait plus face à Zanza que le chef des brigands. Celui-ci, bien conscient qu'il n'avait aucune chance, sortit un couteau de sa manche gauche et le jeta sur Sanosuke. Celui-ci se jeta sur le côté pour l'éviter et le chef des brigands en profita pour se jeter sur lui, armé d'une lame cachée dans sa manche droite. Le mercenaire l'envoya au sol d'un violent coup de tête et se releva en se tenant les côtés. Il avait été poignardé au côté gauche, très prêt du cœur, mais semblait ne pas aller trop mal. Fou de rage, Sanosuke se jeta sur le dernier bandit et lui brisa la nuque. Le coup fut bien évidemment fatal.

Sanosuke regarda autour de lui et constata que tout les autres étaient vainqueur de leur combat. Le mercenaire alla à la rencontre de ses compagnons, en se tenant toujours les côtes, du sang coulant entre ses doigts. Cependant cela ne semblait pas l'inquiéter outre-mesure.

Shina s’était assise et isolée des combats. Elle ne parvenait pas à se calmer.
Sa respiration sifflait. Le poids douloureux des traces rouges sur son cou lui rappelait qu’elle s’était transformée, sous l’emprise de la colère et de la peur, alors que sa condition de Setras le lui interdisait. Pire, si celui qu’elle avait blessé ne s’était pas protégé de son bras, il serait mort…Tout comme les trois bandits qu’elle avait attrapés à l’aide de ses griffes acérées et déchiquetés de ses crocs menaçant et sanguinaires quelques siècles plus tôt.
Elle se leva, un vent frais sécha son visage. Il ne servait à rien de ressasser le passé.

En respirant à fond, elle alla rejoindre ses compagnons.
Utako et Shikijou allaient bien, mais Sanosuke était gravement blessé, ce qui n’avait, d’ailleurs, pas l’air de l’effrayer. Le chef des bandits, quant à lui, se trouvait à terre, inerte. Les brigands les plus courageux l’entouraient, inquiets. Les autres prenaient soin de se tenir loin des quatre personnes qui les avaient terrassés.

Shina souffla qu’il fallait récupérer la guitare et partir en vitesse, mais la fatalité tonna.
« Il l’a tué! »
Alors que l’homme qui avait annoncé la mort recula d’un air horrifié et perdu, un autre s’approcha. Il avait la haine au visage. Il cracha une multitude d’insultes sur les quatre individus et surtout sur Sanosuke, qui continuait de perdre son sang. Shina vint lui faire face, impassible. Elle lui assena , pourtant, une gifle brutale qui le fit chuter. Il se releva, plein de rage, un couteau au poing mais elle envoya l’objet planter dans la surface extérieur d’une cabane.
Elle lui saisit immédiatement le col et le tira vers elle. Cette fois, la colère se lisait sur son visage et le brigand tremblait, effrayé. La Setras siffla d’une voix déformé par la rage:
« Où est la guitare ?! »
_ « Là bas… au fond de l’entrepôt. »
Il indiqua une des trois grandes cabanes avant se relâcher et de faire le mort.


Utako avait récupéré sa guitare et ils s’étaient mis en route. Shina bouillait depuis un moment déjà. Elle mourait d’envie de gronder Sanosuke qui avait tué le chef des brigands, mais celui-ci était blessé et il fallait le faire soigner rapidement. Tant pis, il n’était pas si fragile.
Shina s’arrêta. Elle fixait le kanji inscrit dans le dos de son compagnon général zyphaloïde alors que celui-ci marchait devant elle en se tenant toujours les côtes.

« Tu m‘as beaucoup déçue, Sanosuke. » cracha-t-elle d’une voix calme. « Je te croyais défenseur de la veuve et de l’orphelin. Mais tu as tué cet homme alors que tu ne savais quasiment rien de lui. Il avait peut-être des enfants et une femme, et ce ne devait être qu‘un vulgaire voleur…
Tu es bien un Zyphaloïde. »

Le combat se termina par la mort du chef des brigands .Utako remarqua qu’un de ses alliés, Sanosuke, était blessé.C’était également lui qui venaît de tué le chef des brigands.Shina se précipita sur un des brigands, le frappa et exigea de savoir ou se trouvait la guitare.

Utako accompagna Shina dans l’entrepôt et aperçut enfin son instrument : une guitare unique, à cinq cordes, promesse de progrès dans le monde musical. Il s’empara vite fait de la guitare et l’examina en détail pour voir s’il elle n’avait pas de coup. Satisfait de voir sa guitare intacte, il pinça la première corde. Le son horriblement grave le fit grimacer. Il fallait tout de même la réaccorder…

Ils reprirent donc la route, Utako accordant sa guitare en marchant. Pendant qu’il jouait les notes une par une, il entendit ses compagnons parler.

*Zyphaloïde ? Qu’est ce donc ? * se demanda Utako *Je pense pas que se soit le bon moment pour demander….*

Une fois sa guitare réaccordé, il s’arrêta sans prévenir ses compagnons et se mit à jouer un de ses airs magiques. Le son léger créa une énergie curative que seul Utako pouvait maîtriser. Il l’envoya vers Sanusoke.Elle devrait sûrement le soulager de ses douleurs pendants quelques heures.

Le jeune humain avait récupéré sa guitare et le petit groupe s'était paisiblement remit en route. Mais leur voyage ne resta pas paisible bien longtemps. Shina, qui n'avait visiblement pas apprécié qu'il tue le chef des brigands.

"- Tu m‘as beaucoup déçue, Sanosuke. Je te croyais défenseur de la veuve et de l’orphelin. Mais tu as tué cet homme alors que tu ne savais quasiment rien de lui. Il avait peut-être des enfants et une femme, et ce ne devait être qu‘un vulgaire voleur… Tu es bien un Zyphaloïde.
- Ce type était une ordure. Il aurait vendu sa propre mère si elle n'était pas déjà morte. Toi tu ne sais peut-être presque rien de lui, mais pas moi. La majorité de ces ordures méritaient de mourir. Et ne me fait pas croire que vous êtes de saints..."

Ce début de dispute, déjà marqué par l'emportement de Sanosuke, fut interrompu par la musique d'Utako. Bizarrement, le Zyphaloïde sentait encore moins sa blessure, il se doutait bien que cela ne pouvait pas venir de lui et l'attribua donc à la musique d'Utako, mais impossible de déterminer si cela venait de l'humain lui-même ou de son mystérieux instrument. Mais après tout ce n'était ni ses affaires si sont principal sujet de préoccupation du moment. Tout ce qui importait au mercenaire était de retourner à Hijlan, de goûter à un bon repas et d'oublier toute cette histoire. Bien que le fait que sa blessure l'incommode moins grâce à la musique du barde, Sanosuke était toujours énervé. Énervé d'avoir été blessé par un tel lâche et d'avoir été rabaissé par Shina au niveau de ces pions d'Arcios, tous plus détestables les uns que les autres. Il n'était pas vraiment d'humeur et ne faisait rien pour le cacher.

Utako s'était mis à jouer de sa guitare ce qui avait interompu Sanosuke et Shina dans leur dispute. Shina devina qu'il utilisait sa musique pour soulager la douleur du Zyphaloïde et celui-ci ne prit même pas la peine de le remercier. La Setras soupira discrétement devant le manque de politesse et la colère évidente de Sanosuke...

Ils arrivèrent à Hijlan quelques minutes plus tard. Il faisait déjà nuit noire, la salle d'entrée de la petite auberge, qui servait aussi de restaurant, était déserte.
Seul l'aubergiste se reposait au bar. Et quand il vit la blessure de Sanosuke, il ne put s'empêcher de demander s'ils avaient été attaqués mais Shina calma son inquiétude par quelques paroles rassurantes avant de présenter une chaise à Sanosuke.

"Assis-toi. Je vais te soigner." avait-elle dit, alors.
Mais bien sûr, en s'asseyant, Sanosuke rechignait:
_"C'est pas la peine, ça va très bien, t'occupe pas de moi..."
_"Mais ça peut s'aggraver! Il vaut mieux s'occuper de ta blessure maintenant!"
La Setras était gênée et ne savait que faire. Elle en vint à se demander si Sanosuke prenait bien soin de ses plaies après un combat.
_"Je t'ai dit de ne pas t'inquièter."répliqua-t-il, un soupçon de colère dans la voix.
Shina avait immédiatement froncé les sourcils; celui-là allait gâcher sa soirée s'il continuait à filer ce mauvais coton. Alors, calmement, la jeune fille lui dit:
_"Si tu trouves un blessé et qu'il te demande de ne pas t'en soucier, tu le laisses là sans rien faire ?"
_"C'est pas la même chose..."
_"Pour moi, si."

Il ne protesta pas, apparement, il n'avait pas envie de poursuivre la conversation. Shina put donc se baisser et sortir le matériel de sa sacoche avant de traiter la plaie. Bien sûr, elle arrêta l'hémoragie et nettoya méticuleusement la blessure avant d'y appliquer une compresse et de l'enrouler de deux tours de tissus. Elle avait estimé que la plaie avait besoin de points de suture, mais vu la réaction de Sanosuke quand elle lui avait proposé son aide, elle n'en fit rien.
D'ailleurs, un lourd silence s'était installé entre les deux compagnons de route.

"Tu me boudes ?" tenta Shina en rangeant son matériel.
_" J'ai pas que ça à faire."

Pour toute réponse, la jeune fille lui tira la langue, grimaçant comme une petite fille qui chercherait un autre enfant. Puis, elle disparut, se dirigea vers sa chambre en attendant le diner.

Spoiler:

Ayant profité de ce temps de répit pour se calmer un peu et se changer les idées, c'est plus détendu et avec la perspective d'un bon repas que Sanosuke arriva dans la salle de restaurant, accompagné de Shikijou, toujours silencieux. Voyant qu'Utako était déjà arrivé il le salua de la main avant d'aller se renseigner sur le menu au comptoir. Finalement satisfair de ce qu'on lui proposait, le mercenaire décida d'aller s'assoir à la même table qu'Utako, sans pour autant engager la conversation. Ce n'était pas qu'il n'avait pas envie de parler, mais il était affamé et attendait impatiemment son repas.

Shikijou, en revanche, semblait perdu dans ses pensées. Sa silhouette imposante et sa musculature bien découpée lui donnait l'air d'être un peu à l'étroit dans la modeste salle de l'auberge d'Hijlan. Vêtu d'un kimono brun et d'un pantalon de la même couleur, le géant roux restait muet, regardant fixement le mur en face de lui sans le voir.

Sanosuke quand à lui montrait son impatience en jouant avec une herbe qu'il avait ramassé en cour de route et qui avait orné sa bouche durant une bonne partie du voyage. Il appréhendait l'arrivée de Shina, celle-ci allait sûrement encore trouver d'autres choses déplaisantes à lui dire. Le mercenaire se demanda s'il avait bien fait de décider de voyager avec elle, peut-être aurait-il mieux fait de ne jamais la rencontrer finalement...